Annabelle Mortiaux : la mode éthique

La mode est un moyen d’exprimer votre personnalité et d’afficher les valeurs que vous défendez, voire même de rendre le monde un peu meilleur. Annabelle Mortiaux le prouve jour après jour. Née et élevée à Bruxelles, âgée de 29 ans, elle est cofondatrice de méson, une marque belge de vêtements et d’accessoires qui utilise des textiles recyclés. Une histoire de passion, de créativité et de persévérance.

Une singularité unique

Annabelle se décrit comme quelqu’un de sociable, intense et toujours en mouvement. “Entre le travail, les amis, la famille et ma passion pour méson, ma vie est souvent bien remplie.” Cette passion pour la mode lui vient de son enfance. “J’étais toujours préoccupée par ma façon de m’habiller, j’essayais des choses que les autres ne comprenaient pas. Même adolescente, je portais ce que j’aimais : des sneakers alors qu’il ne s’agissait en réalité que de simples chaussures de course ? Oui ! (rires).”

Une année passée dans une école d’art en Grande-Bretagne lui a donné encore plus confiance en elle pour exprimer sa personnalité à travers sa garde-robe : “Là-bas, tout le monde s’habille comme il veut, sans être jugé. Cela m’a aidée à rester fidèle à mon propre style.”

De la créativité à la mode circulaire

Son amour pour la mode et la créativité vient essentiellement d’elle-même, même si elle a grandi dans une famille d’artistes. “Mon père est passionné par la photographie, ma mère a travaillé dans le textile et le cinéma. Mais ma passion pour la mode, elle vient vraiment de moi.”

Le passage à la mode circulaire est venu progressivement. “Avant, je ne pensais pas faire carrière dans la mode. Le secteur me semblait trop superficiel, néfaste pour le monde à plus d’un titre. Mais j’adore transformer les choses : un vase devient une lampe, une chemise un sac. C’est lors d’un voyage avec Thaïs, qui allait devenir plus tard la cofondatrice de méson, que l’idée de lancer ensemble un projet autour de l’upcycling a germé.”

méson était né : chaque collection s’articule autour d’une pièce de la maison, avec des chutes de tissu comme point de départ. “Notre première collection s’appelait La Salle de Bain et comprenait des serviettes. Elle a été suivie par du linge de lit, des rideaux, etc. Nous voulons montrer qu’il est possible de créer de beaux vêtements de qualité à partir de chutes de tissu.”

Local et social : un choix assumé

méson travaille exclusivement avec des textiles recyclés, produits localement à Bruxelles. “Nous collaborons avec deux ateliers : l’un est une entreprise de travail adapté qui emploie des personnes handicapées, l’autre est un atelier de réinsertion. À nos yeux, l’aspect social est tout aussi important que l’aspect écologique.”

Produire localement a bien sûr un coût... Mais Annabelle estime que le jeu en vaut la chandelle. “Cela permet de raccourcir les circuits, de tisser de véritables liens et de réduire les transports. Certes, cela signifie aussi que nos produits ont un certain prix. Mais nous faisons vraiment de notre mieux pour que tout reste aussi accessible que possible.”

Transparence et créations intemporelles

La transparence est une valeur fondamentale chez méson. “Chaque vêtement est doté d’un code QR qui permet de suivre tout le processus : du tissu à l’atelier, jusqu’au produit fini. Les gens apprécient énormément cela.”

L’intemporalité et la polyvalence sont également au cœur de nos préoccupations. “Nous fabriquons des jupes réversibles, des vestes à manches amovibles, des tops que vous pouvez porter de cinq façons différentes. Ainsi, un vêtement reste beaucoup plus longtemps d’actualité dans votre garde-robe.”

Conseil de lecture :

Upcycling et recyclage ne se limitent pas au domaine de la mode. Dans cet article, vous découvrirez comment consommer de manière responsable lorsque les promos et les bonnes affaires (de fin d’année) arrivent de toutes parts.

Son rêve : un endroit fixe

Le plus grand rêve d’Annabelle est d’ouvrir une boutique méson physique : “Un lieu où les gens peuvent essayer nos vêtements, voir le processus de production et se sentir chez eux. Nos pop-ups sont déjà un succès, mais un endroit fixe permettrait de tout rassembler.”

Le local reste une priorité, mais parfois, la réalité exige des compromis. “Pour certaines collections, comme les tricots, nous nous tournons également vers des ateliers situés juste de l’autre côté de la frontière. Mais la transparence et la production équitable restent toujours au cœur de nos préoccupations.”

Conseils pour les jeunes créatifs

Quels conseils Annabelle donnerait-elle aux jeunes entrepreneurs ? “Entourez-vous des bonnes personnes. Identifiez vos points forts, mais aussi vos points faibles. Et réfléchissez à l’ensemble de la chaîne, depuis les matières premières jusqu’au recyclage du produit. Ensemble, vous irez plus loin. Peut-être pas plus vite, mais certainement de manière plus durable.”

Prêts pour l’avenir

méson mise sur l’authenticité et l’honnêteté. “Je veux montrer qu’il est possible de s’habiller de manière élégante et tendance sans culpabiliser. La mode peut être locale, circulaire et stylée. Le plus beau compliment ? Que les gens choisissent nos pièces parce qu’elles sont belles, et ne découvrent qu’ensuite qu’elles sont durables.”

De quoi Annabelle est-elle la plus fière ? “Que méson existe toujours après quatre ans, que l’entreprise continue de se développer et d’inspirer les gens. C’est ma plus grande réussite.”

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